Une statue de Ramsès II sortie des sables
Découvertes : Deux pièces majeures du grand conquérant Ramsès II ont été dégagées la semaine dernière une à Tell Basta, dans le gouvernorat de Charqiya, et l'autre à Tell Haboua, dans le nord du Sinaï. Etat des lieux.
Une statue trimorphe représentant Ramsès II (1290-1223 av. J.-C.),
troisième souverain de la XIXe dynastie, entouré des divinités Bastet et
Atoum, tous trois sculptés assis, vient d’être dégagée, au terme de
travaux de nettoyage qui ont duré trois semaines, par une mission
égypto-allemande présidée par l’égyptologue Eva Lange, de l’Université
allemande de Göttengin.
La mission opérait sur le fameux site archéologique de Bubastis, connu
sous le nom de Tell Basta, situé non loin du Caire, à quelque 83 km au
nord-est, dans la ville de Zagazig, capitale du gouvernorat de Charqiya.
Cette statue, ensevelie dans les débris de l’époque gréco-romaine, a
été dégagée la semaine dernière à l’entrée du grand temple de Bastet,
qui était la divinité locale de la XVIIIe région (ou « nome ») de la Basse-Egypte. Atoum est, lui, « le dieu complet qui s’est créé à partir du néant ». « Le
site a été utilisé après l’époque pharaonique, ce qui explique la
présence de la couche des débris gréco-romains couvrant l’entrée de ce
temple pharaonique », souligne Adel Hussein, directeur du département central des Antiquités pour le Delta, le Canal et la Haute-Egypte.
Il indique aussi qu’à son avis, l’endroit, d’où a été dégagée la
statue, n’est pas son emplacement originel. Elle devait se trouver
plutôt au centre du temple et a dû être transférée ultérieurement. Elle
est en granit rose, et faite de 247 cm de hauteur, de 200 cm de largeur
et d’une épaisseur de 90 cm. Le dos est orné de hiéroglyphes gravés, et «
les cartouches qui comprennent les noms du souverain sont clairs, nous sommes donc certains qu’il s’agit de Ramsès II », reprend l’expert. On peut aussi y lire « Ousermaet In Ra setet In Ra », qui veut dire « Le puissant qu’a choisi Ré adore le dieu Ré ».
Selon le directeur, la statue symbolise les origines divines de Ramsès
II : il est alors un demi-dieu légitime qui mérite de s’asseoir sur le
trône d’Egypte. Or, pour le citoyen de cette époque lointaine, le
souverain n’est que la représentation humaine sur terre du dieu au ciel,
et chaque roi devait donc inventer une légende qui affirme ses origines
divines. Selon Hussein, cette œuvre est une preuve de la participation
du grand souverain à l’édification de ce grand temple de Bastet, ainsi
que de sa domination sur la région.
Le grand conquérant
Ramsès II est le conquérant le plus célèbre de toute l’histoire de
l’Egypte Ancienne, notamment pour ses guerres successives contre les
Hittites dont les attaques répétées menaçaient les frontières est
égyptiennes. Pendant la quatrième année de son règne, il mène sa
première campagne contre le Royaume d’Amourrou, installé en Palestine.
Sa victoire l’encourage à se lancer dans une deuxième campagne contre
la Syrie. Le grand conquérant et sa troupe y seront piégés dans une
embuscade, mais « grâce au courage et à la vaillance du roi, ils se libéreront
», souligne Hussein. Les campagnes se sont ensuite enchaînées, ce qui
explique aussi pourquoi Ramsès II transférera sa capitale de Thèbes, qui
avait longtemps été la capitale du territoire égyptien, au Delta, où il
fonde Pi-Ramsès dont les vestiges se dressent encore à l’actuelle
Qentir, dans le gouvernorat de Charqiya.
La capitale naissante avait attiré alors une grande population prospère.
Son évolution civique et artistique est comparable à celle de Thèbes en Haute-Egypte, et Pi-Ramsès éblouissait alors le monde entier. De sa capitale du Delta, le grand conquérant surveillait tout le territoire égyptien et pouvait contrôler également les frontières de l’est menacées par les Hittites.
Son évolution civique et artistique est comparable à celle de Thèbes en Haute-Egypte, et Pi-Ramsès éblouissait alors le monde entier. De sa capitale du Delta, le grand conquérant surveillait tout le territoire égyptien et pouvait contrôler également les frontières de l’est menacées par les Hittites.
Le bâtisseur
Les preuves de la solidité et de la prospérité du règne de Ramsès II
sont nombreuses, comme nous le rappelle le directeur. Au cours des 67
ans de règne de celui-ci, le grand conquérant a aussi fait bâtir des
milliers d’édifices, dispersés partout sur son territoire et témoignant
de l’expansion de son pouvoir à l’ensemble de l’Egypte dont les
frontières étaient sécurisées aux quatre points cardinaux.
A Bubastis, où la divinité locale est Bastet, représentée par le chat,
Ramsès II a fait construire un grand temple dédié à son culte. Au seuil
de ce temple, se dressaient deux statues du souverain. « L’une est
exposée actuellement au Musée égyptien au Caire, tandis qu’on peut voir
l'autre au British Museum », indique Adel Hussein.
A Bubastis, se trouvent aussi des blocs de granit rose qui sont en fait
des fragments de statues et qui portent le nom de Ramsès II. Au sein du
même gouvernorat, Charqiya, et à quelque 80 km de Bubastis, se trouve
un autre fameux site archéologique : San Al-Hagar, connu sous le nom de
Tanis. Là aussi se trouvent de nombreuses pièces et oeuvres qu’on doit
au règne de Ramsès II.
Un groupe de statues semblables au Sphinx, actuellement présentées au
Musée égyptien du Caire, provient notamment de ce site. Les Musées de
Londres, Berlin et Copenhague conservent également des statues en granit
noir et rouge, dégagées à San Al-Hagar. Ce site renferme l’une des plus
importantes stèles datée du règne de Ramsès II, que les égyptologues
désignent sous le nom de stèle des 400 ans (voir photo légende). De la
capitale Pi-Ramsès, actuelle Qentir, ont été dégagés deux obélisques,
dont l’un orne le jardin Al-Andalous à Guiza, tandis que l'autre se
dresse majestueusement sur la route de l’aéroport du Caire.
Bubastis, Tanis et Pi-Ramsès sont trois sites majeurs du règne de
Ramsès II, mais l’ensemble du territoire actuel de l’Egypte en renferme
beaucoup d’autres : nombre d’entre eux ont déjà été explorés, mais au
moins autant restent encore à découvrir, dissimulés sous le sable ou
sous les couches de débris des époques et des civilisations qui lui ont
succédé, comme en témoigne cette toute récente découverte.
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